HAPPY RETRAITE CHEZ LES BEES !

Par Claire Le Meur, DG de Blue Bees

Chez les Bees, il y a un avant, un pendant… et un après ! Aussi sommes-nous allées à la rencontre de Danielle Marionnelle et Chantal Nallet, toutes deux fraîchement retraitées, pour qu’elles nous racontent les nombreuses années passées au sein du groupe.

Voici leurs aventures…

Claire Le Meur : Vous êtes toutes deux nouvellement retraitées… Comment cette aventure a-t-elle commencé chez les Bees ? Laquelle de vous deux est entrée en premier au sein du groupe ?

Danielle Marionnelle : C’est moi ! Le 21 octobre 1986… (rires) J’avais 25 ans.

CLM : (rires) En effet, la plupart de nos Bees n’étaient même pas nées à cette époque… De mon côté, je venais de passer mon Bac (rires). Et tu es entrée en tant que quoi ?

DM : Au départ, je suis entrée en tant qu’aide-comptable. A cette époque, on ne disait pas assistante. Tout se faisait sur des documents papiers. Il n’y avait pas encore l’informatique dans l’entreprise… Les journaux comptables partaient dans une société qui faisait la saisie des journaux que nous leur transmettions. J’ai fait cela pendant à peine un an et ensuite, l’entreprise s’est informatisée. A partir de ce moment-là, je continuais à rendre mon travail sur papier et ensuite, je rentrais les éléments et ceux des autres sur informatique. Je ne faisais pas encore la saisie en direct.

CLM : Et l’ambiance, au sein du cabinet, à cette époque, c’était comment ?

DM : Je n’étais qu’avec des « vieilles » (rires). J’étais la petite jeune qui arrivait. En y repensant, je serais incapable de dire quel âge pouvait avoir mes collègues… Finalement, avec le recul, elles n’étaient pas si vieilles que ça, elles devaient avoir la quarantaine (rires). Il y avait des « clans » dans les bureaux, c’était assez drôle.

CLM : Combien étiez-vous, à ce moment-là ? Ça ne s’appelait pas encore Fifty Bees ?…

DM : Au départ, la société dans laquelle je travaillais s’appelait Solyaco. Nous étions dans le centre de Lyon.  Nous avons ensuite été rachetés par Jean Michard en 1994, qui venait de fonder Cofagest l’année précédente. Il y avait 2 experts-comptables, 5 comptables et j’étais la seule aide-comptable.

CLM : Il y avait déjà une majorité de filles ?

DM : Oui ! Il y avait deux experts-comptables hommes et le reste, ce n’était que des femmes (rires).

CLM : La proportion n’a guère changé (rires) ! Nous avons toujours 75 % de femmes au sein du groupe… Et toi Chantal, quand fais-tu ton apparition dans cette aventure ?

Chantal Nallet : Je suis arrivée le 30 novembre 2001, pour faire les dossiers paye de Sylvie Goût – qui est toujours là. Pendant quelques années, j’ai continué à travailler sur ces dossiers puis d’autres que l’on m’avait ajouté. Ensuite, j’ai intégré une sorte de petit service social dans lequel j’étais toute seule et où je faisais aussi quelques payes en interne. Jusqu’au jour où Jean Michard m’a proposé de créer un vrai service paye et c’est là que toute l’aventure a réellement commencé. Sandrine Teisseire, qui était jusque-là assistante, a proposé de me rejoindre au sein du service. Et nous avons grandi ainsi. A la fin, nous étions 11 personnes. Ensuite, j’ai terminé ma carrière en gérant tout ce qui était service social interne parce que j’étais un peu usée par les dossiers clients (rires).

CLM : Et toi, Danielle, qu’est devenue l’aide-comptable par la suite ?

DM : Je suis restée assistante pendant deux ans à Lyon, puis j’ai été « parachutée » comptable du jour au lendemain – et non plus aide-comptable, au bureau de Saint-Genis-Laval, qui venait d’ouvrir. J’avais deux aides-comptables. Nous étions installés dans une petite maison, c’était joli comme tout ! Sauf que je n’avais aucune expérience de comptable… Les assistantes qui fondaient beaucoup d’espoir en moi me posaient dix millions de questions auxquelles je ne savais pas répondre (rires). Du coup, entre midi et deux, pendant que les assistantes prenaient leur pause déjeuner, je téléphonais aux « vieilles » de Lyon pour prendre des infos et ne pas répondre de façon trop bête aux questions qui m’étaient posées. J’ai passé quelques nuits un peu blanches… Ensuite, lorsque nous avons été rachetés par Jean Michard, nous nous sommes retrouvés à une vingtaine de personnes. Ça s’appelait Cofagest, à l’époque. Nous avons intégré l’équipe du bureau qui était à Oullins. Puis, lorsque Jean a acheté le bureau de Brignais, Sylvie a demandé que je vienne à Brignais avec elle. C’était il y a 6/7 ans.

CLM : Tu as fait quasiment toute ta carrière au sein du groupe, en fait ?

DM : Oui ! Et ce qui est drôle, c’est que j’ai conservé certains clients du début à la fin.

CLM : Et tu n’as jamais eu l’envie de partir ?

DM : Si, parfois. Il m’est arrivé de me dire « tu ne peux pas tenir cette cadence ». Puis les jours passent, le moral revient. Et je ne me voyais pas exercer mon métier en entreprise. Ce n’était pas quelque chose qui me plaisait. Dans les cabinets, on sait que le rythme est toujours soutenu – c’est pareil pour toutes mes copines qui sont comptables ! Les années passent, on suit le rythme, on vieillit et on se retrouve à l’âge de la retraite en se disant qu’on n’a pas changé de boîte (rires).

CLM : Combien as-tu bouclé de périodes fiscales ? Tu as déjà fait le calcul ?

DM : Ah non, jamais ! Je suis rentrée en 1986 mais j’étais seulement aide-comptable. Disons, depuis 1988, ça doit faire 33 périodes fiscales (rires) !

CLM : C’est un beau score ! Un tiers de siècle de périodes fiscales… Et toi, Chantal, combien de temps as-tu passé au sein du groupe ?

CN : 20 ans ! On peut dire que Danielle et moi avons contribué à la construction de Fifty Bees, finalement (rires).

CLM : Exactement ! Et, toi aussi, envie de partir parfois ?

CN : Oui ! Il y a eu des moments très durs.

CLM : Et pourquoi es-tu restée ?

CN : Parce que c’était familial. J’avais déjà vécu des choses complètement différentes en cabinet et les coups durs étaient vraiment compensés par les moments joyeux et conviviaux. C’était tout à fait ce qu’il me fallait. Avant, j’avais travaillé dans de grosses structures et je n’étais vraiment pas bien.

Danielle et Chantal, jeunes retraitées des Bees

CLM : Justement, vous qui avez connu toutes deux la construction du groupe, qui fêtera ses 30 ans l’année prochaine, lorsqu’on vous a annoncé, il y a 3 ans, que le groupe changeait de nom pour devenir Fifty Bees et que vous alliez devenir des abeilles, qu’en avez-vous pensé ?…

DM : (rires) On a rigolé ! Moi, je continue à dire Cofagest (rires).

CN : C’est vrai que ça nous a fait rire sur le coup – on s’envoyait des mails assez drôles, avec des abeilles partout, mais ensuite, ça ne m’a pas perturbée plus que ça.

DM : La seule chose qui était un peu compliquée, c’était vis-à-vis des clients qui m’interrogeaient sur le changement de nom et auxquels j’avais du mal à répondre – tout simplement parce que je n’avais rien écouté à la présentation sur le sujet, que vous aviez pris le soin de faire en interne (rires). Il faut dire que c’était en pleine période fiscale, au mois de mai, et que j’avais pas mal de pain sur la planche à ce moment-là. Puis je fais partie des rebelles (rires).

CLM : Vous êtes-vous préparé à votre retraite, toutes les deux, ou avez-vous sauté dedans à pieds joints ?

CN : Pas du tout ! Je n’ai rien préparé. Un matin, je me suis levée en me disant qu’il fallait que je regarde à quel âge je pouvais partir en retraite. Je me suis renseignée. J’ai appris que je pouvais partir à 61 ans et je me suis dit « eh bien je pars ». Ce n’était pas réfléchi du tout (rires). A la fin, j’étais usée, fatiguée. Puis il y avait tous ces changements, qui nous correspondait peut-être un peu moins.

CLM : Et comment se passe ce début de retraite, après avoir passé autant de temps dans la même entreprise ? Parce que c’est assez rare, maintenant, les gens qui font toute leur carrière au même endroit…

CN : Moi, j’ai eu un début bizarre, un peu dépressif, parce que je suis partie en plein Covid… Sur le coup, j’ai eu l’impression de partir comme une voleuse, sans voir personne ! J’ai fini par me demander si j’avais bien fait de partir… La première année a été un peu dure.

CLM : C’est la raison pour laquelle nous avons organisé une fête en votre honneur en juin dernier !

CN : J’ai beaucoup apprécié d’avoir été conviée à cette fête, même si j’étais partie depuis un moment car c’était très frustrant d’être partie comme ça. D’autant que dans le groupe, on a toujours bien fêté les événements (rires). Maintenant, j’ai recommencé à sortir, je m’occupe de mes nièces et neveux, je me suis rapprochée de ma famille. Ce n’est plus du tout la même vie.

CLM : Elle est sympa, cette nouvelle vie ?

CN : Oh oui, elle est sympa. Je me suis mise à la marche, au vélo. Ce qui m’a fait le plus de bien, c’est tout ce stress en moins. Même si on est bien dans l’entreprise et qu’on connaît bien notre métier. Le stress en moins m’a réellement libérée, c’est incroyable !

CLM : Et toi, Danielle, qui a moins « d’expérience » en matière de retraite ?

DM : Moi, de la même manière, j’avais étudié mes droits à la retraite. En 2018, je crois. J’ai appris que je pouvais partir en retraite à 60 ans et un trimestre. Je le savais, mais j’en étais restée là. Et il y a eu le Covid qui nous a obligées à être confinées pendant près de deux mois. J’ai très mal supporté cela car je n’aime pas travailler chez moi. Ce n’est pas le fait d’être enfermée car je vis en maison mais simplement le fait que mon « chez moi » n’est pas fait pour travailler. Ensuite, en 2020, nous avons dû travailler en urgence, parfois en étant contraintes de rattraper le retard, en faisant du mieux que nous pouvions. Je suis arrivée en vacances épuisée et là, c’est mon petit frère qui m’a demandé combien de temps je pensais continuer comme ça. J’avais l’impression d’être dans une machine à laver qui tournait trop vite. A la rentrée, je suis allée voir Delphine Michard-Grunwald, à laquelle j’avais dit peu de temps avant que je ne partirais pas tout de suite (rires), que je partais en avril 2022. Nous en avons reparlé début d’année suivante. Et je n’avais pas changé d’avis (rires). Delphine m’a simplement demandé de terminer la période fiscale – ce qui me semblait logique car je n’allais pas partir au milieu de l’année.

CLM : Alors, ce début de retraite, il se passe bien ?

DM : Je ne suis en retraite que depuis 15 jours (rires). J’ai encore quelques petits trucs à finir – notamment sur deux clients que je connais très bien et sur lesquels j’ai proposé mon aide pour finir les bilans parce que je maîtrise très bien leurs dossiers. Mais je n’ai plus ce stress de date qui me hantais. Pour le moment, je ne prévois rien. Je vais faire les choses comme j’en ai envie. Et j’ai la chance d’être grand-mère depuis deux mois et c’est une belle occupation ! Je n’ai pas encore bien intégré le fait que je suis en retraite. J’ai l’impression d’être en vacances (rires). Et je me sens bien !

CLM : Vous avez dû observer une sacrée évolution dans la profession, entre le moment où vous travailliez sur du papier et maintenant. Cela a dû vous demander pas mal d’adaptation au fil du temps… Il y a eu une explosion de la technologie qui a considérablement changé le métier.

CN : C’est vrai qu’au tout début de ma carrière, lorsque j’étais opératrice de saisie, on faisait les payes sur des petites bandes de papier, à la main. Il y avait certes moins de taxes à intégrer – juste la sécurité sociale, le chômage, la retraite.

DM : Moi, c’est pareil ! Il n’y avait pas l’informatique lorsque j’ai commencé. J’avais 20 ans. On avait juste une calculette – tout de même pas le boulier, nous ne sommes pas si vieilles que ça (rires).

CLM : Vous avez emmagasiné la maîtrise de toutes les nouvelles technologies, mine de rien…

CN : Oui, mais cela s’est fait au fur et à mesure. Cela n’a pas été douloureux.

DM : Je n’ai pas non plus le souvenir de quelque chose d’insurmontable.

CLM : J’ai une question piège pour vous : avez-vous un pire souvenir de toute cette carrière ?

DM : Alors ça, c’est une colle… Ah si ! J’ai un pire souvenir… J’allais voir un client pour préparer le bilan. Ce jour-là, je suis arrivée en milieu de matinée et la comptable sur place était en train de travailler à son bureau. Je lui dis, en souriant « bonjour, ça va ? ». Elle me répond « Ah non, là, ça ne va pas du tout Danielle ! » Je m’étonne. Elle me dit « C’est terrible, on n’aura jamais tout fini ce soir ». Comme elle était d’un naturel très stressé, je m’efforce de la rassurer, en lui montrant ce qu’il restait à faire – et c’était très jouable. Je m’installe à mon bureau en la laissant râler. Je m’assois et là, elle se lève, attrape le classeur qui était sur son bureau et elle le jette par terre en hurlant « j’en ai marre, mais j’en ai marre », le tout en se tirant les cheveux !… Une sorte de crise d’hystérie… Là, j’ai essayé de la calmer comme je pouvais – elle hurlait de plus en plus. Et je n’osais pas sortir parce qu’elle n’était pas loin de la porte et je craignais qu’elle m’attrape, voire qu’elle m’étrangle ! Elle était comme folle. Nous n’étions que toutes les deux à l’étage… Je me demandais bien comment j’allais pouvoir me sortir de cette situation. Entre temps, elle avait aussi jeté ses lunettes. Là, coup de chance, quelqu’un arrive, ouvre la porte et demande si tout va bien. Elle lui répond en hurlant « il me font chier ces comptables avec leurs questions, j’en ai ras le bol ! » Lui me regarde, atterré. L’homme d’entretien est arrivé – il s’entendait très bien avec cette dame. Il a commencé à la calmer et m’a fait signe de sortir… J’en ai pleuré car j’avais vraiment eu la peur de ma vie. Ensuite, tout le monde a été aux petits soins pour moi, on m’a amené un plateau repas, j’ai été gâtée, etc. Mais cela restera vraiment le pire souvenir de ma vie !

CLM : Et toi Chantal, ton pire souvenir ?

CN : Je n’ai pas de pire souvenir…

CLM : Tu ne t’es jamais fait attaquer par un classeur, toi ?

CN : (rires) Si, remarque, j’ai bien eu un client terrible. A chaque fois qu’il me parlait, il hurlait. Dès que je voyais son numéro de téléphone s’afficher, c’était horrible. Parce qu’il criait, systématiquement – lui avait l’impression de parler (rires). Au début, j’avais peur de lui… Il n’était pas méchant mais il ne savait pas parler calmement. Et comme j’étais jeune et timide, ça me terrifiait. Il a hanté pas mal de mes nuits. Il fallait tout résoudre tout de suite, quel que soit le sujet.

DM : En fait, ces deux souvenirs sont liés à des clients précis mais nous n’avons aucun mauvais souvenir en interne.

CN : En interne, on ne garde que des bons souvenirs !

CLM : Justement, au rayon des meilleurs souvenirs, qu’avez-vous en mémoire ?

CN : Il y en a eu tellement, c’était tellement convivial, qu’il est dur de choisir un seul meilleur souvenir ! On a célébré beaucoup de choses… L’esprit famille a toujours été là. Même si parfois Jean Michard était colérique (rires), il était toujours là pour nous écouter lorsqu’on avait un problème. Sa porte n’était jamais fermée.

DM : Et c’est pareil avec sa fille Delphine. Sans jamais nous dénigrer s’il y a un problème – même si on se prenait une brasse avant ou après (rires). Pour moi, c’est vraiment précieux, ça. Beaucoup de respect.

CLM : Si c’était à refaire, si vous aviez 20 ou 25 ans aujourd’hui, vous referiez ?

DM : Je ne remets jamais en question ce que je fais. Si j’avais à refaire, je referais pareil car je ne n’ai aucun regret sur la façon dont j’ai fait mes choix.

CN : C’était la question que nous nous posions, l’autre jour, au sujet de notre vie personnelle. Et nous nous disions justement que nous ferions pareil ! Je n’ai aucun regret, bien au contraire. Entrer chez Cofagest – c’était un moment de vie difficile, où je n’étais pas bien dans ma peau – a changé toute ma vie. Le fait que Jean Michard me fasse confiance, me booste, m’encourage, a changé ma carrière. Je souhaite vraiment remercier Jean et Delphine qui sont devenus, pour moi, au fil du temps, plus qu’un « patron » et une « patronne ».

CLM : Et si vous deviez prodiguer des conseils à toutes les jeunes Bees qui travaillent aujourd’hui dans le groupe, quels seraient-ils ?

CN : (rires) Ecoutez, quand même, vos aînés… Les aînés ne sont pas toujours ringards et peuvent être de bon conseil.

DM : Moi, je leur dirais effectivement d’écouter. Et aussi de voir le bon côté des choses. Pour la période fiscale, par exemple, lorsque certains se demandent comment ils vont s’en sortir. Je réponds toujours « comme l’année dernière » (rires). Il faut toujours essayer de garder un côté positif dans tout ce qu’on peut faire. C’est un métier très riche de rencontres, avec des clients très différents, grâce auxquels on apprend plein de choses. On peut aussi beaucoup échanger avec les collègues, ce qui n’est pas forcément le cas en entreprise, par exemple. Le travail en cabinet est très enrichissant. C’est réellement une belle expérience.

CLM : Vous partez en vacances bientôt ?

CN : Bien sûr ! Mais pas en juillet-août, maintenant que je suis en retraite (rires). Je pars en septembre dans le Verdon, en octobre en Espagne et direction la Provence, en novembre !

DM : Moi, pas encore de vacances prévues car mon compagnon n’est pas encore en retraite (rires). Mais nous sommes tout à fait capables de partir du jour au lendemain, sur un coup de tête !

MERCI à Danielle et Chantal pour cette interview pleine de bonne humeur et pour le temps qu’elles ont accepté de prendre sur leur retraite pour se consacrer à l’exercice 😉.

Les Bees ne manqueront pas de prendre prochainement des nouvelles de leurs aventures !